La prestation compensatoire et son recouvrementLa
prestation compensatoire est une indemnité forfaitaire, définitive,
destinée à compenser la disparité que la rupture du mariage crée
respectivement dans les conditions de vie des époux. Les conditions d’attributionDans quels cas ?Quel
que soit le cas de divorce, un conjoint peut demander à l’autre de
bénéficier d’une prestation compensatoire. Elle prend en principe la
forme d’un capital payable immédiatement sous forme d’un versement d’une
somme d’argent, d’un abandon de bien mobilier ou immobilier, en
propriété, en usufruit ou pour l’usage ou l’habitation, ou de versements
échelonnés sur une durée maximale de huit ans, ces différentes
modalités pouvant être cumulées.Exceptionnellement, une rente
viagère peut être allouée, si la situation du demandeur le justifie,
lorsque son âge ou son état de santé l’empêchent de subvenir à ses
besoins. Une fraction peut être attribuée en capital. La rente est alors
minorée.
Comment est-elle fixée ?La prestation compensatoire est fixée :• soit par le juge, lors du jugement de divorce.
Il tient compte de la situation des époux au moment du divorce et de
son évolution dans un avenir prévisible. Pour déterminer les besoins de
l’époux qui perçoit cette prestation et les ressources de l’autre
conjoint qui la verse, le juge prend notamment en considération la durée
du mariage, l’âge, l’état de santé desé poux, leur qualification
professionnelle, les conséquences des choix professionnels faits par
l’un pendant la vie commune pour l’éducation des enfants et du temps
qu’il faudra encore y consacrer, leur patrimoine après la liquidation du
régime matrimonial, leur situation respective en matière de pensions,
de retraite.• soit par les parties elles-mêmes dans le cadre d’un
divorce par consentement mutuel, ou dans les autres cas, si les parties
parviennent à un accord. Dans ces deux situations, cet accord est
soumisà l’homologation du juge. Le montant et les modalités de paiement
sont librement fixés par les parties qui peuvent prévoir une rente
temporaire, une clause prévoyant la cessation automatique de la rente à
la date de réalisation d’un événement déterminé (retraite du débiteur,
remariage du créancier, etc.).
La révisionEn raison de
son caractère forfaitaire, la prestation compensatoire n’est pas
révisable dans les mêmes conditions selon qu’elle est versée en capital
échelonné
ou sous forme de rente.Le capital ne peut pas être
révisé dans son montant. Seules les modalités de son paiement peuvent
varier. Dans ce cas précis, le juge aux affaires familiales peut revoir
la durée de versement initialement prévue et, si la situation l’exige,
dépasser la limite des huit années.En revanche, la rente peut
être révisée quant à son montant, suspendue ou même supprimée, en cas de
changement important dans les ressources ou les besoins de
l’une ou l’autre des parties. Le montant initialement fixé par le juge ne peut toutefois pas être dépassé.
Une
personne qui ne verse pas, pendant plus de deux mois, à son
ex-conjoint, la prestation compensatoire sous forme de rente, commet le
délit d’abandon de famille. Ce délit d’abandon de famille est passible
d’une peine d’emprisonnement de deux ans au plus et de 15 000 euros
d’amende au plus.Tant que la prestation n’est pas révisée, elle est intégralement due par le débiteur.Si le débiteur organise volontairement son insolvabilité pour éviter de payer la prestation qu'il
doit, le créditeur peut porter plainte à ce titre. Les risques encourus
sont de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amendeLe recouvrement en cas de non-paiementLorsqu’un
débiteur ne verse pas la prestation compensatoire fixée par décision de
Justice, le créancier dispose de plusieurs moyens pour en obtenir le
paiement. Ces démarches sont également possibles si le versement n’est
effectué que de manière irrégulière. Le moyen le plus simple de
recouvrement est la procédure de paiement direct. Mais il existe
d’autres voies possibles.
Le paiement directPour recouvrer la prestation compensatoire sous forme de rente, le paiement direct est une procédure simple, gratuite et rapide.Elle
permet d’obtenir le paiement de la prestation par des tiers (employeur,
organismes bancaires ou de versement des prestations) qui disposent de
sommes dues au débiteur. Ce moyen de recouvrement peut être utilisé dès
qu’uneé chéance de la prestation fixée par décision de justice n’a pas
été réglée intégralement.Le paiement direct permet d’obtenir les
mensualités impayées depuis au moins six mois à compter de la date de la
demande de paiement direct, ainsi que le règlement des mensualités à
venir, au fur et à mesure où elles sont dues.Le créancier doit
s’adresser à l’huissier de Justice du lieu de sa résidence, lui fournir
le jugement relatif à la prestation et tout renseignement sur son
débiteur (identité, domicile, adresse de l’employeur, immatriculation à
la sécurité sociale). L’huissier pourra alors notifier au tiers une
demande de paiement direct par lettre recommandée avec demande d’accusé
de réception.
NB : Les frais de la procédure sont à la charge du débiteur.Les autres voies possiblesIndépendamment de la procédure de paiement direct, d’autres voies d’exécution peuvent être utilisées.Ces
procédures sont particulièrement utiles pour permettre le recouvrement
d’une prestation sous forme de rente due depuis plus de six mois ou pour
une prestation compensatoire payable en capital.
La
saisie-attribution permet au créancier de récupérer immédiatement les
sommes disponibles sur les comptes bancaires de son débiteur.Le
créancier doit être titulaire d’un titre exécutoire (acte notarié,
ordonnance de non-conciliation, jugement ou convention homologuée par le
juge). Il saisira l’huissier de justice du lieu de résidence du
débiteur qui signifieraà la banque de l’intéressé un acte de saisie.La
collaboration de la banque est obligatoire ;à défaut, elle s’expose à
payer les dettes de son client. Sous peine de nullité de la procédure,
le débiteur doit être informé, par acte d’huissier et dans un délai de
huit jours suivant la signification de l’acte de saisie à la banque.En
cas de contestation de la saisie de la part du débiteur, le paiement
est différé jusqu’à ce que le juge de l’exécution ait rendu son
jugement.L’huissier devra donc présenter à la banque le
certificat de non-contestation ou le jugement écartant la contestation
du débiteur afin de libérer les sommes dues.
La saisie-vente permet de faire saisir et vendre les biens mobiliers du débiteur. Cette procédure reste rare.
Le recouvrement par le Trésor publicSi l’une des procédures décrites ci-dessus n’a pas permis le recouvrement de la prestation sous forme de rente, les services du Trésor public peuvent, près une demande de la part du
créancier, se charger de recouvrer les sommes dues à ce titre.La
demande devra être adressée au procureur de la République du tribunal de
grande instance du domicile du créancier, par lettre recommandée avec
demande d’accusé de réception.
Modèle de lettreM. le Procureur de la République,J’ai l’honneur de vous exposer que Monsieur (ou Madame) : |
Nom Prénom Adresse Profession Adresse de l’employeur N°de sécurité sociale | (de votre débiteur) |
ne m’a pas versé depuis le... la prestation compensatoire qu’il (ou elle) me doit en vertu de la décision dont vous trouverez, ci-joint, une copie. Cette prestation compensatoire est d’un montant de... euros par mois et il m’est déjà dû un arriéré de... euros à compter du...Je vous prie de bien vouloir m’admettre à la procédure de recouvrement par le Trésor public.Veuillez agréer, M. le Procureur de la République, l’expression de ma considération distinguée. Signature |
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Demandeur : | personne formant une action en justice. | Défendeur : | personne contre laquelle une action en justice est formée. | Créancier : | personne à qui la dette est dûe. | Débiteur : | Personne qui doit la dette. |
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